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Social & SociétalFamine
September 2nd 2025, 6:17:18 am

Quand la famine devient une arme de guerre à Gaza

Quand la famine devient une arme de guerre à Gaza
Photo : UNRWA via Palinfo – Gaza, avril 2025.

Gaza est aujourd’hui le territoire le plus affamé de la planète. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 500 000 personnes vivent actuellement en phase 5 (Catastrophe) de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire). Cela représente près d’un quart de la population. Au total, 98 % des Gazaouis souffrent d’insécurité alimentaire, selon le même rapport. Dans ce territoire assiégé et ravagé par la guerre, la faim n’est plus une conséquence. Elle est devenue une stratégie de guerre, utilisée pour briser la résistance d’un peuple et détruire ses fondations sociales, sanitaires, économiques et agricoles.

Depuis l’offensive israélienne lancée en octobre 2023, l’accès à la nourriture est devenu un champ de bataille. Reuters rapporte qu’en mai 2025, seulement 146 camions d’aide humanitaire entraient chaque jour à Gaza, alors qu’il en faudrait au moins 600 selon les Nations Unies pour couvrir les besoins. La situation a empiré entre mars et mai 2025 : blocus renforcé, fermeture du passage de Rafah, suspension totale des livraisons alimentaires, accompagnés d’attaques sur des points de distribution. L’agence de l’ONU UNRWA a même dû fermer ses cuisines communautaires.

Les Gazaouis meurent de faim — principalement des nourrissons et des seniors

Les scènes qui se répètent à Gaza sont déchirantes. Le 20 juillet 2025, Yousef, un nourrisson de six semaines, est mort de faim à l’hôpital Shifa, à Gaza City. Selon les autorités médicales locales citées par Reuters, 101 personnes sont mortes de malnutrition aiguë, dont 80 enfants. L’UNICEF estime à plus de 65 000 le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère. Mais les seniors, eux aussi, sont touchés de plein fouet, ils sont affaiblis, sans soins, et souvent isolés, ils figurent parmi les premières victimes silencieuses de cette famine imposée.

Tuer la terre pour affamer les peuples

La guerre ne cible pas que les civils. Elle détruit volontairement leur environnement, rendant impossible toute forme d’autonomie agricole. Selon Le Monde, 68 % des terres cultivables ont été rendues inutilisables, 95 % du cheptel bovin a été décimé, et les serres, systèmes d’irrigation et pêcheries traditionnelles ont été pulvérisés. En outre, des entrepôts d’engrais et de pesticides ont été frappés, contaminant les sols. Des zones agricoles entières sont désormais minées, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui alerte sur une désertification accélérée. La famine actuelle est donc intimement liée à une destruction environnementale délibérée.

L’aide humanitaire, entre survie et blocage

Privée de terres, d’eau, de carburant, de soins et d’électricité, Gaza est plongée dans une dépendance extrême à l’aide humanitaire. Mais cette aide est elle-même ralentie, filtrée ou bloquée par les autorités israéliennes, souvent pour des raisons sécuritaires. Selon Al Jazeera, « il est aujourd’hui impossible pour un Gazaoui de produire ou d’acheter de quoi nourrir sa famille sans aide extérieure ». En conséquence, la population est maintenue dans un état de survie précaire, tributaire d’une aide irrégulière, et soumise à des logiques politiques.

Et si le développement durable était une porte de sortie ?

Des organisations humanitaires telles que Médecins Sans Frontières, Oxfam ou Action contre la Faim appellent à un changement radical en faveur d’un accès humanitaire sûr et permanent, tout en réorientant la reconstruction de Gaza dans une logique à la fois durable et souveraine. L’urgence humanitaire ne doit cependant pas faire oublier l’enjeu fondamental : il s’agit de reconstruire Gaza sur des bases durables capables de restaurer son autonomie alimentaire et sa résilience socio-économique. Cela passe notamment par la dépollution et la sécurisation des terres agricoles, le redémarrage de la production vivrière, la réhabilitation des infrastructures essentielles, la formation des compétences locales, ainsi que l’instauration d’une distribution alimentaire juste, stable et libre de toute pression politique.

« La faim est un crime de Guerre »

« Faire mourir de faim une population est une violation grave du droit international humanitaire », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, en mai 2025. Le Conseil des droits de l’homme a ouvert une enquête sur l’usage de la faim comme arme de guerre à Gaza, une première historique. La communauté internationale est aujourd’hui face à une double responsabilité : sauver des vies, et préparer un avenir durable pour un peuple que l’on veut priver non seulement de nourriture, mais aussi d’avenir.

Rédigé par : WB

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