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Social & SociétalSécurité sociale
September 2nd 2025, 6:19:18 am

Mobilité urbaine et sécurité routière au Maroc : un défi de développement durable

Mobilité urbaine et sécurité routière au Maroc : un défi de développement durable
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Les villes marocaines connaissent une urbanisation rapide qui exerce une pression croissante sur les infrastructures de transport. D’après les chiffres publiés par la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), le Maroc a enregistré en 2024 plus de 143 000 accidents corporels ayant causé plus de 4 000 décès, soit une hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. Parmi les victimes, les motocyclistes représentent environ 43 %, tandis que près de 30 % sont des piétons. Selon la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, les régions de Marrakech-Safi, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès sont particulièrement touchées, avec des augmentations d’accidents respectives de 38 %, 20 % et 16 %.

Ces chiffres préoccupants trouvent leur origine dans des causes multiples et souvent imbriquées. L’état des infrastructures urbaines, marqué par un manque de pistes cyclables sécurisées et de zones piétonnes protégées, ne facilite pas une mobilité apaisée. Par ailleurs, la dépendance forte à la voiture individuelle, accentuée par un étalement urbain rapide, entraîne congestion, pollution et hausse des risques d’accident. À cela s’ajoutent des comportements routiers parfois marqués par l’incivisme, le non-respect des limitations de vitesse ou du port du casque. L’émergence des trottinettes électriques et des triporteurs motorisés, bien qu’offrant des alternatives intéressantes, complique encore l’équilibre urbain en posant de nouveaux défis d’aménagement et de régulation.

Une Casablancaise témoigne ainsi de son vécu quotidien en ville :

« Les trottoirs sont souvent abîmés ou occupés par les terrasses des cafés, ce qui oblige les piétons à marcher sur la chaussée. Il n’existe presque aucune piste cyclable sécurisée, ni pour les vélos, ni pour les trottinettes électriques, qui, de surcroît, ne sont soumises à aucune réglementation stricte, comme le port du casque. Les passages piétons sont rares et trop espacés, ce qui pousse certains piétons à traverser où ils le peuvent, souvent dans des endroits dangereux. Sur les autoroutes, on observe malheureusement des enfants et des familles entières traverser la chaussée, malgré l’interdiction formelle, s’exposant ainsi à des risques graves. À cela s’ajoute un manque criant de civisme sur la route : nombreux conducteurs ne respectent pas les limitations de vitesse et adoptent un comportement dangereux, irresponsable et presque compétitif, cherchant à prouver leur maîtrise au volant. Malgré les campagnes choc de sensibilisation menées par la NARSA, cette culture de la prévention peine encore à s’ancrer durablement. »

Pour tenter de juguler cette situation, l’État marocain, par le biais de la NARSA, a mis en place un ensemble de mesures destinées à renforcer la sécurité routière, notamment le déploiement de plus de 1 300 radars fixes, mobiles et de nouvelle génération, capables notamment de calculer la vitesse moyenne sur des tronçons, permet d’enrayer les excès de vitesse sur les routes. Des brigades mobiles opèrent dans les grandes villes pour intensifier la surveillance, tandis que les sanctions ciblent les infractions les plus à risque, comme le transport illégal de passagers par les triporteurs motorisés. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation, telles que « Safe Moto », encouragent le respect des règles, notamment le port du casque, et des caravanes éducatives parcourent plusieurs villes pour toucher un public large.

Dans le même temps, le développement des transports publics modernes contribue à une mobilité urbaine plus durable. Selon le Ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, les réseaux de tramway de Casablanca et Rabat offrent des alternatives efficaces à la voiture, facilitant des déplacements quotidiens plus sûrs et moins polluants. Par ailleurs, la généralisation des bus électriques, déjà en service à Casablanca et Marrakech, participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’amélioration de la qualité de l’air. D’autres villes envisagent de suivre cette voie, intégrant les technologies propres dans leurs stratégies de mobilité.

Malgré ces efforts, il est clair que la mobilité urbaine ne peut être durablement améliorée sans une vision intégrée qui associe sécurité, environnement et justice sociale. Cela passe par le développement massif des mobilités douces (marche, vélo, transports en commun) et la création d’espaces adaptés pour ces modes, y compris pour les trottinettes et triporteurs, qui doivent être mieux régulés. L’urbanisme doit s’adapter pour rapprocher les lieux de vie et de services, limitant ainsi les déplacements motorisés. Il est également essentiel de poursuivre les actions de sensibilisation de manière continue et dès le plus jeune âge (à l'école), afin d’ancrer durablement la culture de la sécurité. Enfin, la responsabilité sociétale des entreprises peut jouer un rôle majeur en encourageant des pratiques de mobilité durable, telles que le covoiturage ou le recours aux modes doux pour les trajets domicile-travail.

La mobilité urbaine et la sécurité routière constituent donc un enjeu central du développement durable au Maroc. Répondre à ce défi nécessite une approche coordonnée et participative, qui conjugue innovations technologiques, politiques publiques volontaristes et engagement citoyen, pour bâtir des villes plus sûres, plus propres et plus inclusives.

Rédigé par : wb

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