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September 2nd 2025, 6:18:19 am

Gaza, la faim comme arme : une faillite morale et durable

Gaza, la faim comme arme : une faillite morale et durable
AFP via Al Jazeera, publiée le 24 juillet 2025

À Gaza, la faim n’est pas un hasard de l’histoire. Elle est devenue une arme de guerre. Selon Al Jazeera, au 17 août 2025, au moins 263 personnes dont 112 enfants sont mortes de famine. Plus de 2,1 millions d’habitants survivent chaque jour sous la menace directe de la sous-nutrition. La science, elle, nous dit que ces privations ne détruisent pas seulement des corps mais elles marquent des générations entières.

Une famine organisée

Les chiffres sont glaçants. L’OMS alerte sur 12 000 enfants de moins de cinq ans en malnutrition aiguë. L’UNICEF estime qu’un enfant sur trois à Gaza passe plusieurs jours sans manger. Selon les classifications internationales (IPC), un quart de la population se trouve en phase 5 (catastrophe alimentaire), tandis que la majorité est en état d’urgence. Derrière ces pourcentages, il y a des bébés qui naissent affamés, des familles qui enterrent leurs enfants, des adultes épuisés qui n’ont plus la force de travailler. À Gaza, la guerre ne détruit pas seulement des bâtiments. Elle s’infiltre jusque dans l’utérus des femmes, dans le lait maternel, dans les rêves des enfants.

Ce que dit la science : un désastre humain total

La famine n’est pas seulement une affaire de calories manquantes. Elle agit comme un poison lent, frappant chaque âge de la vie :

Grossesse et fœtus: les mères dénutries donnent naissance à des enfants fragilisés, avec un retard de croissance intra-utérin et des marques biologiques qui les suivront toute leur vie.

Nourrissons et jeunes enfants: la privation alimentaire affaiblit l’immunité, ralentit le développement cérébral, compromet la croissance et augmente la mortalité par infections.

Enfants et adolescents : ils grandissent dans la peur et le ventre vide, avec des retards scolaires, des troubles anxieux, une puberté retardée et une estime de soi brisée.

Adultes: perte de masse musculaire, vulnérabilité aux maladies, risques mortels liés à la réalimentation trop rapide, troubles psychiques documentés.

Personnes âgées: la malnutrition accélère la fragilité, la dépendance et la mortalité.

Générations futures : les leçons de l’histoire le montrent clairement.

La famine hollandaise de l’hiver 1944–45, qui a touché 4,5 millions de personnes, a marqué à vie les enfants nés de mères affamées : plus de diabète, de maladies cardiaques et même des altérations génétiques observées des décennies plus tard.

La grande famine chinoise de 1959–61, qui a causé entre 15 et 30 millions de morts, a laissé dans les cohortes exposées des séquelles de santé mentale (schizophrénie), métaboliques (diabète 2) et cardiovasculaires.

Une génération volée

À Gaza, la faim s’ajoute au traumatisme des bombardements. Les enfants grandissent dans l’anxiété, le deuil et la perte de repères. Ils ne jouent plus, n’apprennent plus, et se construisent dans la peur constante de mourir. Les psychologues parlent déjà d’une « génération volée ».

Développement durable pris en otage

Le développement durable, ce n’est pas seulement des panneaux solaires et du recyclage. C’est d’abord offrir à un enfant la possibilité de grandir en paix et de manger à sa faim. Aujourd’hui, Gaza est l’exact contraire. Le premier Objectif de Développement Durable de l’ONU est Faim Zéro. Mais à Gaza, nous voyons l’inverse absolu : la faim instrumentalisée comme levier politique. Comment parler de durabilité quand un peuple entier est privé de nourriture, de santé et d’éducation ? Chaque enfant qui meurt de faim est la preuve de l’échec collectif de nos institutions et de nos promesses.

Une question pour l’humanité

La famine à Gaza n’est pas une tragédie locale, mais un miroir global. Elle interroge la valeur réelle que nous accordons à nos principes universels. Plusieurs experts la qualifient de crime contre l’humanité. Car si nous tolérons qu’un peuple entier soit affamé sous nos yeux, alors le mot « développement durable » n’est plus qu’un slogan creux.

À Gaza, la guerre n’a pas seulement détruit le présent. Elle hypothèque l’avenir.

Sources

  • Al Jazeera (7–18 août 2025) – données sur les décès liés à la famine (263 morts dont 112 enfants), la malnutrition infantile et la population menacée.

  • OMS, UNICEF – alertes sur la malnutrition aiguë et l’insécurité alimentaire.

-IPC (Integrated Food Security Phase Classification) – définition et seuils de la famine.

Études scientifiques :

  • Famine hollandaise de 1944–45 : Painter RC et al., Reprod Toxicol (2005) ; Heijmans BT et al., PNAS (2008).

  • Grande famine chinoise de 1959–61 : Li C et al., Lancet (2010).

  • Black RE et al., Lancet (2013) ; Victora CG et al., Lancet (2008) – impacts sur la survie et le développement de l’enfant.

  • Keys A et al., The Biology of Human Starvation (1950) – impacts sur les adultes et santé mentale.

  • Veenendaal MV et al., BJOG (2013) – conséquences intergénérationnelles.

Rédigé par : WB

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