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Social & SociétalEgalité et inclusion
September 2nd 2025, 6:20:21 am

Le Maroc met en avant la valorisation du travail domestique à Beyrouth

Le Maroc met en avant la valorisation du travail domestique à Beyrouth

Le 25 août 2025, à Beyrouth, le Maroc a exposé son approche pionnière de valorisation du travail domestique non rémunéré lors de la « Réunion régionale de haut niveau sur la valorisation du travail domestique non rémunéré », organisée par la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale, les Nations Unies Femmes et la Ligue arabe. Cette initiative s’inscrit dans le chantier de réforme du Code de la Famille (Moudawana), encore en cours, et place le Royaume au centre des débats régionaux sur l’égalité, la justice sociale et le développement durable.

Une rencontre régionale pour l’égalité

Le forum avait pour objectif de mettre en lumière l’économie des soins et du travail domestique, longtemps invisibles dans les statistiques officielles, et de réfléchir aux moyens de les reconnaître comme leviers d’égalité et de développement.

Les organisateurs (ESCWA, ONU Femmes et la Ligue arabe ) ont insisté sur la nécessité pour les pays arabes de réformer leurs codes familiaux et de mettre en place des politiques publiques favorisant l’égalité entre les sexes, la protection sociale et l’inclusion économique.

Une perspective de développement durable

Cette reconnaissance du travail domestique ne se limite pas à un enjeu juridique ou social, elle s’inscrit aussi dans une perspective de développement durable, en cohérence avec les Objectifs de Développement Durable (ODD). Elle contribue à l’ODD 5 (Égalité entre les sexes) en rendant visible un travail invisible et en réduisant les discriminations ; à l’ODD 8 (Travail décent et croissance économique) en élargissant la notion de contribution productive au-delà du salariat formel ; et à l’ODD 10 (Réduction des inégalités) en favorisant une meilleure répartition des charges familiales et sociales. Enfin, elle participe à l’ODD 1 (Éradication de la pauvreté) en ouvrant la voie à des mécanismes de protection sociale pour les travailleuses domestiques, souvent en situation de grande précarité.

Ce que le Maroc a présenté

Ce qui a été présenté à Beyrouth le 25 août n’était pas une nouvelle Moudawana finalisée, mais l’expérience et l’approche marocaines en matière de valorisation du travail domestique.

La délégation marocaine, représentée par Rima Lablaili, Directrice de la coopération internationale et de la communication au Ministère de la Justice, a mis en avant le principe du kadd wa saaya, hérité du rite malikite.

Le kadd wa saaya

Dans la tradition juridique marocaine, ce principe reconnaît la contribution de l’épouse au patrimoine familial même si elle ne dispose pas de revenus directs. Par son travail domestique, ses soins aux enfants et sa participation à la vie familiale, elle a droit à une part des biens acquis durant le mariage. Aujourd’hui, cette référence culturelle et religieuse est utilisée comme socle légitime pour justifier la valorisation juridique et économique du travail domestique dans la réforme de la Moudawana.

La réalité sociale au Maroc : un grand décalage

Si la démarche marocaine est saluée sur la scène internationale, la réalité quotidienne reste préoccupante :

• La majorité des travailleuses domestiques exercent dans l’informel, sans contrat, ni couverture sociale.

• Les conditions de travail dépassent souvent 8 heures par jour, parfois 7 jours sur 7, pour des salaires modestes et instables.

• La loi 19-12, censée encadrer ce secteur depuis 2018, reste faiblement appliquée.

• Recours persistant à des mineures, parfois de moins de 16 ans, malgré l’interdiction légale.

Ce décalage illustre le contraste entre la valorisation symbolique affichée à l’international et la précarité réelle vécue par les travailleuses domestiques au Maroc.

Les conclusions du forum

Les discussions de Beyrouth ont abouti à plusieurs recommandations institutionnelles :

• Reconnaître légalement le travail domestique dans les réformes familiales.

• Mesurer statistiquement sa contribution à l’économie nationale.

• Renforcer la protection sociale des personnes qui l’assurent.

• Encourager le partage des responsabilités domestiques entre hommes et femmes pour réduire les inégalités de genre.

Le Maroc a été présenté comme un modèle pionnier dans la région, notamment par sa volonté d’inscrire cette approche dans un chantier législatif.

En présentant son approche à Beyrouth, le Maroc a montré son ambition de transformer le Code de la Famille en un outil de justice sociale et de reconnaissance du travail invisible.

Mais l’enjeu majeur reste de passer de la vision stratégique à la réalité concrète : protéger réellement les travailleuses et travailleurs domestiques, mettre fin à l’emploi des mineures, et garantir des droits sociaux effectifs.

C’est à ce prix que la réforme pourra marquer un véritable tournant dans la construction d’une société plus équitable, inclusive et durable.

Rédigé par : WB

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