Alors que le Royaume subit de plein fouet la sécheresse et la raréfaction de ses ressources en eau, une nouvelle station de dessalement verra le jour d’ici 2028 entre Tiznit et Taroudant. Conçue pour être alimentée par les énergies renouvelables, elle incarne l’ambition marocaine de transformer une crise structurelle en opportunité durable.
Le Maroc poursuit son offensive contre la pénurie d’eau. Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a annoncé que les études techniques pour la future station de dessalement de la région Tiznit–Taroudant sont bien avancées et que l’infrastructure sera opérationnelle à l’horizon 2028. Selon Le Matin, cette installation figurera parmi les plus grandes du Royaume et permettra à la fois d’approvisionner en eau potable plusieurs villes du Sud, notamment, Agadir, Tiznit, Sidi Ifni, Taroudant, et d’irriguer des terres agricoles sur plusieurs centaines d’hectares.
Ce projet s’appuie sur un partenariat public privé. D’après L’Économiste, le groupe émirati AMEA Power, associé à des partenaires espagnols, prévoit d’investir plus de 250 millions d’euros pour la construction de la station et d’un parc éolien de 150 MW destiné à l’alimenter. Cette articulation entre dessalement et énergies renouvelables répond à la volonté de produire une eau à faible empreinte carbone et de réduire la dépendance aux sources fossiles.
La région de Souss Massa est l’une des plus vulnérables au stress hydrique. Comme le rappelle Médias24, les précipitations y sont souvent inférieures de 60 % à la moyenne nationale, mettant sous pression les barrages (Youssef Ibn Tachfine, Abdelmoumen, Mokhtar Soussi) et les nappes souterraines. Le recours au dessalement est donc présenté comme une solution de résilience, permettant de préserver les ressources naturelles tout en sécurisant l’approvisionnement en eau potable.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale plus large. D’après Le360, le Maroc vise à atteindre une capacité de 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée par an d’ici 2030. Le pays compte déjà 16 stations opérationnelles, 5 en construction et 13 en projet. Dans l’immédiat, le gouvernement a aussi annoncé le déploiement de 200 stations mobiles de dessalement pour fournir de l’eau potable à environ 3 millions de personnes rurales, chaque unité produisant entre 360 et 3 600 m³ par jour.
Au-delà de la technique, ce projet illustre une responsabilité sociétale des organisations (RSO) appliquée à l’échelle étatique. Selon une note du Policy Center for the New South publiée en mai 2025, la combinaison dessalement + énergies renouvelables + irrigation de précision est la clé pour concilier sécurité hydrique, agriculture durable et transition énergétique. Le Maroc applique ainsi une approche systémique qui dépasse la simple gestion de crise pour construire un modèle de durabilité.
Le chantier de Tiznit–Taroudant n’est pas un projet parmi d’autres, il symbolise la mutation en cours d’un pays qui place l’eau au cœur de son modèle de développement. Face au défi climatique et à la raréfaction des ressources, le Maroc démontre que la sécurité hydrique peut devenir un moteur de durabilité et d’innovation. Si les promesses se traduisent en résultats concrets (volumes réellement dessalés, surfaces irriguées, efficacité énergétique), cette station pourrait bien devenir un emblème national de résilience et un référentiel international pour les pays confrontés à la soif de demain.
Rédigé par : WB
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