Le transport maritime, pilier de la mondialisation, représente près de 80 % du commerce mondial en volume. Cependant, son impact environnemental et social soulève des défis majeurs en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et de Développement Durable (DD). Entre émissions polluantes, conditions de travail des marins et régulations internationales, le secteur est au cœur d’une nécessaire transformation.
Le transport maritime est un maillon essentiel de l’économie mondiale, reliant les continents et facilitant les échanges commerciaux à grande échelle. Toutefois, cette activité génère des externalités négatives qui interpellent les acteurs du secteur en matière de DD. Selon l’Organisation maritime internationale (OMI), le shipping contribue à environ 3 % des émissions mondiales de CO₂, un chiffre qui pourrait atteindre 17 % d’ici 2050 si aucune mesure drastique n’est prise. Face à ce constat, les compagnies maritimes et les régulateurs internationaux multiplient les initiatives pour réduire l’empreinte carbone du secteur.
L’un des principaux défis environnementaux du transport maritime réside dans son utilisation de carburants hautement polluants, tels que le fioul lourd. Ce dernier, peu raffiné, émet du soufre et des particules fines nocives pour la santé et l’environnement. En réponse, l’OMI a instauré en 2020 une régulation limitant la teneur en soufre des carburants à 0,5 %, contre 3,5 % auparavant. Certaines zones, comme la mer Baltique ou la Manche, sont même classées « zones SECA » (Sulfur Emission Control Areas) avec des seuils encore plus stricts.
Parallèlement, des alternatives émergent, comme le gaz naturel liquéfié (GNL) considéré comme une énergie de transition, ou l’ammoniac vert et l’hydrogène, encore en phase expérimentale. Le groupe CMA CGM, l’un des leaders mondiaux du shipping, a investi dans des navires propulsés au GNL, réduisant ainsi ses émissions de CO₂ de 25 % par rapport aux carburants traditionnels. D’autres acteurs, comme Maersk, misent sur les biocarburants ou l’électrification partielle des navires. Au-delà des enjeux environnementaux, le transport maritime est confronté à des défis sociaux majeurs. Les marins, souvent issus de pays en développement, font face à des conditions de travail précaires (contrats précaires, salaires modestes, et parfois même abandon dans des ports étrangers). La pandémie de Covid-19 a exacerbé ces problématiques, avec des milliers de marins bloqués en mer pendant des mois en raison des restrictions sanitaires. La durabilité du transport maritime passe également par une gouvernance renforcée. L’OMI, sous l’égide de l’ONU, joue un rôle clé dans l’établissement de normes internationales. En 2023, elle a adopté une stratégie visant à réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur d’ici 2050 par rapport à 2008. Cependant, certains experts estiment ces objectifs insuffisants au regard de l’urgence climatique.
Le Maroc, avec ses ports stratégiques comme « Tanger Med » s’engage dans des démarches vertes. Le port de Tanger a ainsi obtenu la certification « Green Port » grâce à des mesures comme l’optimisation énergétique et la gestion des déchets. Le transport maritime est à un tournant de son histoire. Alors que la demande mondiale ne cesse de croître, les impératifs RSE et DD imposent une refonte des pratiques. Entre innovations technologiques, amélioration des conditions sociales et renforcement des régulations, le secteur doit concilier performance économique et durabilité. Les prochaines années seront déterminantes pour savoir si le shipping peut véritablement devenir un moteur d’une mondialisation plus responsable.
Rédigé par : Tandyna Baoumou
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