L’opérateur islandais Samskip prévoit de lancer une ligne hebdomadaire de transport frigorifique entre Agadir/Casablanca et l’Europe du Nord. Selon l’entreprise, ce service pourrait réduire jusqu’à 80 % les émissions de CO₂ par rapport au transport routier. Une annonce qui ouvre la voie à un nouveau modèle de logistique durable au Maroc.
Chaque année, des centaines de milliers de tonnes de fruits, légumes et produits de la mer quittent le Maroc pour l’Europe. Actuellement, une large partie de ce trafic s’effectue par camion, un mode de transport qui représente des émissions de CO₂ importantes et contribue à la congestion routière.
Selon un communiqué officiel de Samskip, la nouvelle ligne, baptisée Moroccan Reefer Service, relierait chaque semaine les ports d’Agadir et de Casablanca aux ports du Royaume-Uni et des Pays-Bas. Elle utiliserait des navires frigorifiques pour transporter directement les marchandises périssables.
L’entreprise affirme que cette solution logistique pourrait réduire les émissions de CO₂ jusqu’à 80 % par rapport à un acheminement routier complet. Cette estimation provient des calculs internes de Samskip. De manière générale, l’Agence européenne pour l’environnement indique que le transport maritime émet en moyenne 3 à 5 fois moins de CO₂ par tonne-kilomètre que le transport routier.
Une annonce à confirmer sur le terrain
À ce stade, Samskip n’a pas communiqué de date précise de mise en service, ni de détails sur la capacité des navires ou le temps exact de transit. Les bénéfices annoncés devront donc être vérifiés à l’usage, lorsque la ligne sera effectivement opérationnelle. « Si cette ligne maritime devient réalité, nous pourrions envoyer nos produits directement par mer vers l’Europe, en évitant plusieurs jours de route », confie un exportateur de la région du Souss, qui préfère rester anonyme. « Cela réduirait nos coûts et pourrait aussi améliorer notre bilan carbone. »
** Perspectives pour la logistique marocaine**
Le Maroc s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45,5 % d’ici 2030 (NDC 2030). La décarbonation de la logistique figure parmi les leviers identifiés, aux côtés des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Des projets portuaires comme Tanger Med, Nador West Med ou Dakhla Atlantique pourraient accueillir, à terme, des navires fonctionnant aux carburants alternatifs (GNL, méthanol vert), renforçant ainsi la dimension durable du transport maritime.
Comparaison d’empreinte carbone
(Source : Agence européenne pour l’environnement) • Transport routier : ~62 gCO₂ / tonne-kilomètre • Transport maritime : ~16 gCO₂ / tonne-kilomètre Près de 4 fois moins d’émissions avec la mer qu’avec la route.
L’autoroute de la mer annoncée par Samskip illustre comment le transport maritime peut devenir un levier concret de la transition écologique au Maroc. Si les promesses de réduction d’émissions et de gains logistiques se confirment à l’usage, cette initiative pourrait inspirer d’autres corridors bas carbone reliant le Royaume à ses partenaires commerciaux. Mais la clé résidera dans le suivi des résultats réels, la transparence sur les performances environnementales et l’intégration de ces solutions dans une stratégie logistique nationale cohérente.
Rédigé par : wb
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