Le Maroc fait face à une crise hydrique croissante, exacerbée par les changements climatiques, la surconsommation et une gestion parfois inefficace des ressources. Alors que les réserves en eau diminuent dangereusement, les impacts sur l’agriculture, l’économie et les populations rurales s’intensifient. Dans un contexte où la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et le développement durable (DD) deviennent des impératifs, cette crise interroge la durabilité des modèles de gestion de l’eau et appelle à des solutions innovantes et inclusives.
Le Maroc, pays traditionnellement marqué par des périodes de sécheresse, voit sa situation hydrique se dégrader rapidement. Selon les données du ministère de l’Équipement et de l’Eau, les réserves des barrages ont atteint un niveau critique, avec un taux de remplissage de seulement 23,4 % en 2024, contre 33,5 % l’année précédente (Le Matin, 2024). Les régions comme le Souss-Massa, Draa-Tafilalet et l’Oriental sont particulièrement touchées, avec des restrictions d’eau imposées aux agriculteurs et aux ménages (Hespress, 2024).
Le changement climatique aggrave cette tendance. Une étude de la Banque mondiale (2023) prévoit une baisse des précipitations de 10 à 20 % d’ici 2050, accompagnée d’une hausse des températures, ce qui accentuera l’évaporation et réduira les réserves hydriques. Les nappes phréatiques, surexploitées pour l’irrigation agricole, s’épuisent rapidement, avec un taux de recharge bien inférieur au prélèvement (L’Économiste, 2023).
L’agriculture consomme près de 80 % des ressources en eau du Maroc, selon l’Agence du Bassin Hydraulique du Souss-Massa (2024). Les cultures intensives, notamment celles destinées à l’export (agrumes, avocats, pastèques), sont pointées du doigt pour leur forte demande en irrigation. Dans des régions comme Zagora, des manifestations ont éclaté contre la culture de la pastèque, accusée d’assécher les puits (TelQuel, 2023).
Face à cette crise, des mesures émergent. Le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027 prévoit la construction de barrages, le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées (Le Desk, 2024). Le projet de dessalement d’Agadir, d’une capacité de 400 000 m³/jour, illustre cette orientation (H24Info, 2024).
La crise de l’eau au Maroc exige une réponse multisectorielle, associant politiques publiques, innovation technologique et responsabilité sociétale. Alors que les défis climatiques s’intensifient, une gestion durable et équitable de l’eau devient un impératif pour la stabilité économique et sociale du pays. Sans une mobilisation collective, le stress hydrique pourrait menacer non seulement l’agriculture, mais aussi la paix sociale et la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Rédigé par : Tandyna Baoumou
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