Bassin de la Moulouya : entre urgences et solutions durables

Le bassin hydraulique de la Moulouya, situé dans le nord-est du Maroc, couvre une superficie de 74 000 km² et dessert les régions de l’Oriental, Fès-Meknès, Draa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra. Il est traversé par la rivière Moulouya, l’un des plus grands fleuves du pays, qui prend sa source dans le Moyen Atlas et se jette dans la mer Méditerranée près de Saïdia. Ce bassin est confronté à des défis majeurs liés à la gestion de l’eau, exacerbés par le changement climatique, la croissance démographique et les besoins croissants en eau pour l’agriculture, l’industrie et la consommation domestique.

Une situation critique mais des initiatives prometteuses

D’après Libération, la situation hydrique est tendue, le taux de remplissage des barrages reste faible, et la septième année consécutive de sécheresse a épuisé les nappes phréatiques. Plusieurs barrages sont en construction, comme ceux de Béni Azimane ou Targa Ou Madi, ces projets doivent augmenter significativement la capacité de stockage et l’approvisionnement en eau potable. Cependant, selon H24info, au-delà des infrastructures, c’est la gestion intégrée qui fera la différence. La modernisation des réseaux d’irrigation et la lutte contre les prélèvements illégaux sont encouragées, mais la gouvernance reste complexe, avec un risque de décalage entre grandes décisions et réalités locales.

Gouvernance, inclusion et responsabilité

Selon LesEco, l’Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya (ABHM) s’est dotée d’un Plan Directeur d’Aménagement Intégré des Ressources en Eau (PDAIRE) et renforce la police de l’eau, ce qui témoigne d’une volonté de structurer la gestion. Pourtant, d’après des acteurs locaux interrogés, la participation des populations et des usagers dans ces processus est encore limitée. La durabilité passe aussi par une gouvernance transparente, inclusive, qui intègre pleinement les besoins et savoir-faire des agriculteurs, collectivités et associations.

Les défis climatiques et sociaux : un équilibre fragile

Le changement climatique impacte directement la ressource en eau, avec moins de pluies et plus de sécheresses. Par ailleurs, la croissance démographique accentue la demande. Ces tensions sont exacerbées par la pollution et la surexploitation des nappes, ce qui pose la question de la soutenabilité des modèles actuels.

La gestion durable de l’eau dans le bassin de la Moulouya doit donc conjuguer efficacité technique, justice sociale et protection environnementale. Cela implique notamment d’adapter les pratiques agricoles, souvent gourmandes en eau, via des innovations et formations, comme le promeuvent certaines ONG locales.

Vers des solutions concrètes pour un avenir durable

Pour surmonter ces défis, il est crucial de renforcer une gouvernance locale basée sur un dialogue ouvert et constructif entre l’État, les collectivités, la société civile et les usagers, afin d’adapter les politiques aux réalités concrètes du terrain. Il est également indispensable d’intensifier les efforts en matière de formation et de sensibilisation pour promouvoir un changement durable des comportements en faveur d’une gestion responsable de l’eau. Par ailleurs, encourager l’innovation technologique dans des domaines clés tels que l’économie d’eau, la réutilisation des eaux usées ou le dessalement, tout en garantissant que ces solutions soient accessibles et adaptées aux petits exploitants, est fondamental. Il convient aussi d’assurer une transparence renforcée et un suivi environnemental rigoureux, en fournissant des données claires sur l’état des ressources et les impacts des actions menées. Enfin, soutenir les initiatives locales et participatives qui allient savoirs traditionnels et approches innovantes est essentiel pour bâtir une gestion inclusive et durable des ressources hydriques.

La gestion de l’eau dans le bassin de la Moulouya illustre à la fois les défis majeurs et les opportunités d’un développement durable au Maroc. Face à la raréfaction des ressources, aux pressions climatiques et démographiques, il ne suffit plus de multiplier les infrastructures, il faut surtout réinventer les modes de gouvernance, renforcer la participation citoyenne, et encourager des pratiques respectueuses de l’environnement et socialement équitables. La durabilité de cette ressource vitale dépendra de notre capacité collective à adopter une approche intégrée, innovante et inclusive, garantissant ainsi un avenir où l’eau est partagée, préservée, et accessible à tous, pour les générations présentes et futures.