Avec l’acquisition de 78 bus diesel pour 192 millions de dirhams, le Grand Agadir modernise son réseau et améliore l’inclusion sociale. Mais ce choix, en contradiction avec les objectifs climatiques du Maroc, illustre le dilemme des villes émergentes : répondre aux besoins immédiats tout en retardant la transition énergétique.
La région du Grand Agadir vient d’investir 192 millions de dirhams pour l’acquisition de 78 nouveaux bus diesel destinés à moderniser son réseau de transport public. Si l’initiative améliore la mobilité et l’inclusion sociale, elle soulève une question de fond : peut-on encore miser sur le diesel à l’heure de la transition énergétique ?
Des progrès pour les habitants, mais pas pour le climat
Le projet, financé à hauteur de 17,5 millions d’euros, vise à désengorger le trafic dans cette métropole touristique et à offrir un service plus accessible aux personnes à mobilité réduite. Les bus à plancher bas facilitent en effet l’accès aux seniors et aux personnes handicapées. Selon Les Éco, cette acquisition s’accompagne d’une restructuration des lignes, destinée à optimiser la couverture du territoire et à améliorer le quotidien des habitants.
Mais derrière ces avancées se cache une incohérence. Le Maroc s’est engagé, à travers sa Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), à réduire ses émissions de CO₂ de 45,5 % d’ici 2030. Or, le secteur des transports représente près de 23 % des émissions nationales (Ministère de la Transition énergétique). Miser sur des bus diesel, même conformes aux normes Euro 6, reste donc un choix à contre-courant des objectifs climatiques.
Le dilemme des pays émergents
Certes, le transport collectif, même diesel, reste moins polluant par passager qu’une voiture individuelle, comme le rappelle L’Économiste. Mais cette logique du « moindre mal » questionne : pourquoi ne pas investir directement dans des bus électriques ou hybrides, déjà déployés à Casablanca et Marrakech ?
Le déploiement de ces 78 bus à Agadir illustre un dilemme typique des pays émergents : répondre aux besoins sociaux urgents d’aujourd’hui, tout en risquant de compromettre la transition énergétique dont dépend l’avenir des générations futures.
Une modernisation sociale, mais un acte manqué pour le climat
En apparence, Le déploiement de ces 78 bus à Agadir apporte sans doute une modernisation sociale bienvenue, en améliorant l’inclusion et l’accessibilité. Mais sur le plan climatique, ce choix du diesel reste un acte manqué, qui risque de retarder la transition énergétique dont dépendent l’avenir du Maroc et celui des générations futures.
Rédigé par : Tandyna Baoumou & WB
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