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Économie DurableEnergie renouvelable
September 2nd 2025, 6:18:56 am

Maroc–Portugal : une interconnexion électrique entre coopération et tensions

Maroc–Portugal : une interconnexion électrique entre coopération et tensions

Le projet d’interconnexion électrique sous marine entre le Maroc et le Portugal, porté par les deux gouvernements, ambitionne de renforcer la coopération énergétique et d’accélérer la transition verte. Mais derrière l’image d’un partenariat stratégique, des résistances émergent côté portugais, où certains acteurs des énergies renouvelables redoutent une concurrence déloyale. Une contradiction révélatrice des tensions entre souveraineté énergétique et coopération transcontinentale.

Le Maroc, futur hub énergétique africain

Fort de ses importantes capacités solaires et éoliennes, le Maroc aspire à devenir un hub énergétique pour l’Europe. Le projet d’interconnexion, baptisé MAPT (Maroc–Portugal Transmission Line), reliera Ben Harchane (près de Tanger) à Tavira, en Algarve, par un câble sous marin de 220 km, avec une puissance prévue de 1 000 MW (Med TSO).

L’objectif affiché est d’exporter de l’électricité verte vers l’Europe, tout en inscrivant le Maroc dans la logique des grands corridors énergétiques encouragés par le Green Deal européen, destiné à réduire la dépendance aux hydrocarbures russes et diversifier les approvisionnements.

Portugal : un mix déjà largement vert

De son côté, le Portugal dispose déjà d’un mix énergétique très décarboné : près de 61 % d’énergies renouvelables dans la production électrique en 2023, avec un objectif de 93 % d’ici 2030 (Reuters). L’interconnexion avec le Maroc apparaît donc comme une complémentarité technique et stratégique.

Mais certains acteurs locaux du secteur craignent une arrivée massive d’électricité marocaine à bas coût, qui pourrait faire pression sur les prix de gros et ralentir l’investissement dans de nouveaux projets portugais. Le média Jornal Económico a rapporté que cette inquiétude est partagée par une partie des producteurs d’énergies vertes, qui plaident pour des mécanismes de protection du marché.

Dumping énergétique ou complémentarité stratégique ?

Si le Maroc produit une électricité renouvelable compétitive, grâce à des conditions climatiques favorables et des coûts moindres, le Portugal s’inquiète d’un risque de dumping énergétique. L’Association Portugaise des Énergies Renouvelables (APREN) n’a pas officiellement pris position contre le projet, mais certains de ses membres redoutent qu’un afflux d’électricité verte étrangère ne déstabilise un marché déjà fragile.

Selon des experts interrogés par Expresso, l’interconnexion pourrait profiter aux consommateurs, mais « compliquer la viabilité économique de certains projets nationaux ». Un dilemme classique : favoriser la compétitivité immédiate ou protéger un écosystème industriel local.

Une opportunité économique majeure pour le Maroc

Pour Rabat, l’enjeu est double, consolider son leadership climatique africain et générer des revenus conséquents. Selon l’ONEE, l’interconnexion pourrait rapporter plusieurs centaines de millions d’euros par an grâce à l’exportation d’électricité verte. La Banque Européenne d’Investissement (BEI), pressentie comme partenaire financier, exige cependant des garanties strictes en matière de RSE et de respect des normes environnementales.

Au delà des discours officiels, le projet MAPT illustre les contradictions de la transition énergétique : coopération transfrontalière, mais aussi protection des marchés nationaux ; ambition verte globale, mais tensions locales.

Le Maroc et le Portugal réaffirment leur volonté d’avancer, mais une question demeure : l’interconnexion sera t elle le symbole d’une transition partagée ou le révélateur de fractures énergétiques entre voisins atlantiques ?

Fiabilité des données

Projet d’interconnexion : confirmé par Med‑TSO (2022). Liaison sous‑marine de 265 km (dont 220 km sous‑marin), reliant Ben Harchane (Maroc) à Tavira (Portugal), capacité de 1 000 MW.

Contexte européen : s’inscrit dans le cadre du Green Deal de l’UE, qui promeut les interconnexions électriques pour diversifier les approvisionnements et réduire la dépendance aux hydrocarbures russes (Reuters, 27 mai 2025).

Mix énergétique portugais : 61 % d’électricité renouvelable en 2023 ; objectif de 93 % d’ici 2030 (Reuters, 22 juillet 2024).

Oppositions au Portugal : Jornal Económico et Expresso rapportent des inquiétudes de producteurs d’énergie sur un possible “dumping énergétique”. L’APREN (Association Portugaise des Énergies Renouvelables) n’a pas pris de position officielle, mais certains membres relayent ces craintes.

Retombées économiques pour le Maroc : l’ONEE évoque des revenus potentiels de plusieurs centaines de millions d’euros, mais aucun chiffre détaillé n’a encore été publié officiellement.

Financement : la Banque Européenne d’Investissement (BEI) est citée comme partenaire potentiel. Ses projets incluent systématiquement des clauses sociales et environnementales (BEI, 2025).

Rédigé par : Tandyna Baoumou & WB

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