En juillet 2025, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont franchi un nouveau cap inquiétant. Selon les dernières données publiées le 8 août par la FAO (Food and Agriculture Organization), l’Indice FAO des prix des produits alimentaires s’est établi à 130,1 points, soit +1,6 % par rapport à juin. Ce niveau n’avait plus été atteint depuis février 2023.
Les moteurs de la flambée
Selon les données publiées par la FAO le 8 août 2025, la hausse globale des prix masque de fortes disparités entre les catégories de produits.
• La viande atteint un record historique de 127,3 points depuis la création de l’indice en 1990, portée par une demande d’importation particulièrement forte en Chine et aux États-Unis, tandis que l’offre reste limitée dans plusieurs grands pays exportateurs.
• Les huiles végétales grimpent à 166,8 points, soit +7,1 % en un mois, leur plus haut niveau depuis trois ans, stimulées par la flambée des prix de l’huile de palme et de soja.
• Les céréales à l’inverse, reculent légèrement à 106,5 points (–0,8 %), soutenues par de bonnes récoltes de maïs, même si le prix du blé demeure élevé sous l’effet des tensions géopolitiques.
• Les produits laitiers connaissent également un léger repli à 155,3 points (–0,1 %), une première depuis avril 2024.
• Le sucre poursuit sa baisse à 103,3 points pour le cinquième mois consécutif, grâce à une offre abondante en provenance du Brésil et de l’Inde.
Des conséquences bien au-delà des marchés
Les effets de cette flambée dépassent largement la sphère des marchés financiers. Elle agit comme un accélérateur de pauvreté et de fractures sociales. Dans de nombreux pays dépendants des importations, les ménages consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à se nourrir, laissant peu de marge pour d’autres besoins essentiels. Les ONG tirent la sonnette d’alarme face à la hausse inquiétante du nombre de personnes en insécurité alimentaire sévère. Cette pression sur les prix ne se contente pas de réduire le pouvoir d’achat, elle attise les tensions sociales et met en difficulté les programmes publics d’aide, déjà fragilisés par des contraintes budgétaires croissantes. « Quand la pauvreté s’installe, l’urgence de survivre prend le pas sur la construction d’un avenir durable : l’environnement devient un luxe que l’on ne peut plus se permettre. »
Un revers pour la transition écologique
Lorsque les budgets publics et privés sont absorbés par la gestion de l’urgence, les investissements dans la durabilité reculent. Les projets de transition agricole, de réduction des émissions et de préservation de la biodiversité passent au second plan.
Pourtant, la crise actuelle rappelle que l’alimentation et l’environnement sont indissociables :
• Les chocs climatiques (sécheresses, inondations) réduisent la production et font grimper les prix.
• La dépendance aux marchés mondiaux rend les systèmes alimentaires vulnérables.
• Une agriculture durable et locale pourrait réduire ces risques.
Quelles réponses pour sortir du cercle vicieux ?
Selon la FAO, plusieurs leviers peuvent contribuer à atténuer l’impact de cette crise et à renforcer la résilience des systèmes alimentaires :
• Renforcer la production locale et diversifier les cultures pour réduire la dépendance aux importations.
• Constituer des stocks alimentaires stratégiques au niveau national ou régional.
• Investir massivement dans l’adaptation climatique afin de rendre l’agriculture plus résistante aux chocs météorologiques.
• Mettre en place des filets de sécurité sociale pour protéger les populations les plus vulnérables.
La flambée des prix alimentaires n’est pas un phénomène isolé, mais le symptôme d’un système alimentaire mondial fragile, où le climat, l’économie et la justice sociale sont intimement liés. Face à cette crise, choisir entre urgence sociale et durabilité serait une erreur, il faut agir sur les deux fronts à la fois.
Sources principales : • FAO – Indice des prix alimentaires, communiqué du 8 août 2025 • Reuters – World food prices hit two-year high
Rédigé par : WB
Suivez-nous
© 2025 Futudurable
