Cet article met en lumière les enjeux de l’élevage au Maroc sous l’angle du développement durable et de la RSE. Pour nous, il est essentiel de replacer ce secteur dans une perspective plus large de responsabilité sociétale : impact carbone, conditions de travail des éleveurs, et innovations durables.
Au Maroc, l’élevage constitue un pilier essentiel de l’économie rurale, représentant près de 13 % du PIB agricole et générant des revenus pour des millions de personnes. Cependant, ce secteur fait face à des défis majeurs liés aux changements climatiques, à la pression sur les ressources naturelles et aux impératifs de durabilité. Dans un contexte où la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et le développement durable (DD) gagnent en importance, l’élevage durable se présente comme une solution incontournable pour concilier performance économique, équité sociale et préservation de l’environnement.
L’élevage marocain, dominé par des pratiques pastorales et agro-pastorales, joue un rôle socio-économique crucial, notamment dans les zones rurales. Selon les données du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts (MAPMDREF), le cheptel national compte environ 25 millions de têtes d’ovins, 6 millions de caprins et 3 millions de bovins (La Vie Éco, 2023). Cependant, cette activité est confrontée à plusieurs contraintes, dont la raréfaction des ressources hydriques, la dégradation des parcours et l’augmentation des coûts des aliments pour bétail.
Les sécheresses récurrentes, accentuées par le changement climatique, fragilisent davantage les éleveurs. Une étude de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) souligne que près de 70 % des terres pastorales sont dégradées, ce qui menace la résilience des systèmes d’élevage traditionnels (L’Économiste, 2022). Par ailleurs, l’utilisation excessive d’intrants chimiques et le manque de gestion optimisée des déchets d’élevage posent des problèmes environnementaux, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de pollution des sols.
Malgré ces avancées, des obstacles subsistent. La faible structuration de la filière, le manque de financements adaptés et la persistance de méthodes traditionnelles peu productives freinent la transition vers un élevage durable. Les experts préconisent plusieurs mesures pour accélérer cette mutation :
• Renforcer la formation et l’accompagnement technique des éleveurs, notamment sur les pratiques d’économie d’eau et d’alimentation animale durable.
• Développer des circuits courts et valoriser les produits locaux, en s’appuyant sur des indications géographiques (IG) pour améliorer la compétitivité.
• Encourager l’innovation, notamment via l’utilisation des biotechnologies et des énergies renouvelables dans les fermes.
• Sensibiliser les consommateurs à l’importance des produits issus d’élevages durables, en s’inspirant d’initiatives comme le label « C’est bon, c’est marocain » (Aujourd’hui le Maroc, 2023).
L’élevage durable au Maroc représente un enjeu multidimensionnel, à la croisée des impératifs économiques, sociaux et écologiques. Si des progrès sont observés, une mobilisation accrue des pouvoirs publics, des entreprises et de la société civile reste nécessaire pour généraliser les bonnes pratiques et pérenniser cette activité vitale. Dans un monde de plus en plus soucieux de l’impact environnemental, le Maroc a l’opportunité de positionner son secteur de l’élevage comme un modèle de résilience et d’innovation responsable.
Rédigé par : Tandyna Baoumou
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