Deux rapports récents de Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, mettent en lumière l’impact profond du conflit à Gaza sur les droits humains, les structures économiques et les perspectives de développement durable. Sans adopter une position partisane, ces rapports formulent des observations et des analyses qui interpellent la communauté internationale sur les conditions de vie à Gaza et les enjeux associés à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) dans un contexte de guerre prolongée.
Deux rapports clés
Le premier rapport, intitulé « Anatomy of a Genocide », publié en mars 2024, évoque la possibilité que certains actes commis à Gaza puissent correspondre aux critères juridiques de génocide selon la Convention de 1948. Le second, « From Economy of Occupation to Economy of Genocide », présenté en juin 2025, explore la dimension économique du conflit. Il s’attarde sur le rôle de certains acteurs privés et industriels dans le soutien matériel et logistique à la guerre, selon les termes de la Rapporteure.
Un impact transversal sur les Objectifs de développement durable
Les deux rapports pointent une série d’atteintes graves à plusieurs ODD. Parmi ceux-ci : l’ODD 1 (lutte contre la pauvreté) : une grande partie de la population plongée dans la précarité; l’ODD 4 (éducation de qualité) gravement affecté par la destruction des infrastructures scolaires et du manque d’accès à l’enseignement; l’ODD 10 (réduction des inégalités) et l’ODD 16 (paix et justice), qui sont remis en cause par la violence prolongée et l’absence de protection durable des populations civiles.
La question des responsabilités économiques
Le second rapport identifie plus de 60 entreprises internationales que Francesca Albanese estime impliquées à différents niveaux dans les dynamiques économiques du conflit. Il est question d’entreprises du secteur de l’armement, de la technologie, des machines industrielles ou encore de la finance. Selon la rapporteure, ces sociétés auraient fourni des équipements, services ou financements ayant directement ou indirectement renforcé les capacités militaires ou de surveillance dans la région.
Le rapport ne constitue pas une accusation judiciaire, mais une analyse fondée sur des observations et des documents publics. Francesca Albanese appelle à davantage de transparence, à une régulation plus stricte du commerce d’armement, et à des mécanismes de responsabilisation des entreprises dans les contextes de conflit.
Ces rapports ont provoqué de vives réactions diplomatiques. En juillet 2025, les États-Unis ont imposé des sanctions contre Francesca Albanese, l’accusant de partialité et d’alimenter une campagne judiciaire contre Israël. Washington l’a notamment inscrite sur sa liste des personnes sanctionnées, gelant ses avoirs éventuels aux États-Unis et lui interdisant l’accès au territoire. Malgré ces pressions diplomatiques, la rapporteure spéciale maintient sa ligne, affirmant que ses enquêtes s’inscrivent dans le strict cadre du droit international et des mandats onusiens.
Ces 2 publications de l’ONU soulèvent des questions cruciales pour les défenseurs des droits humains et les promoteurs du développement durable. Ils invitent à une réflexion approfondie sur les conditions dans lesquelles les ODD peuvent encore être atteints en temps de guerre, et sur le rôle des entreprises privées dans la préservation ou l’érosion des conditions de vie. En relayant ces analyses, il s’agit d’informer sans juger, et d’ouvrir un débat sur la cohérence éthique et structurelle du système international face aux crises prolongées.
Rédigé par : WB
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