Le 10 août 2025, le Maroc célébrait la 23ᵉ Journée nationale des Marocains du monde, placée cette année sous le thème officiel annoncé par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger : « Le chantier de la digitalisation, un levier pour renforcer les services de proximité au profit des Marocains du monde ». Un slogan qui pourrait sembler purement technique, mais qui touche en réalité à l’essence même du développement durable : l’inclusion sociale, la sobriété environnementale et la bonne gouvernance.
Avec plus de cinq millions de Marocains établis à l’étranger, l’accès aux démarches administratives (passeport, état civil, légalisations) est plus qu’un service, c’est un lien vivant avec la Nation. Le Maroc dispose aujourd’hui de près de 40 millions d’abonnements Internet et d’un taux de pénétration supérieur à 108 %, offrant un socle technique solide. Mais l’inclusion numérique ne se décrète pas. Sans accompagnement, les personnes âgées, en situation de handicap ou peu à l’aise avec les outils numériques risquent de rester à la marge. Chaque service digital devrait intégrer des parcours d’assistance humaine (bornes interactives, tutoriels multilingues, accompagnement dans les consulats) pour que l’égalité d’accès devienne une réalité, conformément à l’Objectif Développement Durable (ODD 10) sur la réduction des inégalités.
La digitalisation s’impose également comme un levier environnemental majeur. La dématérialisation réduit le papier, les déplacements et les files d’attente. Produire une tonne de papier nécessite environ 17 arbres et 26 000 litres d’eau, économiser des millions de formulaires représente donc un gain tangible pour les ressources naturelles. Pendant la saison Marhaba, qui a vu 2,79 millions de Marocains du monde franchir les frontières au 4 août 2025, chaque démarche réalisée en ligne évite des trajets inutiles et limite les émissions de CO₂. Mais cette sobriété doit être complète, les data centers qui hébergent nos services doivent être éco-efficients, alimentés en énergies renouvelables, et les plateformes conçues pour limiter la consommation énergétique, conformément aux ODD 12 et 13.
La digitalisation renforce aussi la gouvernance et la confiance. Des plateformes comme Chikaya.ma ou Watiqa.ma offrent traçabilité des demandes, délais mesurés et statistiques publiques. Cette transparence réduit l’opacité administrative et nourrit la redevabilité, pilier de l’ODD 16. Encore faut-il aller plus loin : publier des indicateurs de satisfaction, réaliser des audits de sécurité et protéger les données personnelles selon les meilleures pratiques internationales.
Au plan économique, les Marocains du monde représentent un moteur stratégique : 117,7 milliards de dirhams de transferts en 2024, avec une projection à 121,8 milliards en 2025, soit plus de 8 % du PIB. Leur offrir des services fiables, accessibles et sobres n’est pas seulement un confort d’usage, c’est un investissement dans la stabilité économique du pays et dans le maintien du lien avec une communauté qui contribue massivement à la prospérité nationale.
La digitalisation des services destinés aux Marocains du monde représente un véritable test en situation réelle de notre capacité à conjuguer modernisation et responsabilité. Un test où chaque clic doit rimer avec égalité, chaque octet avec sobriété, et chaque démarche avec transparence. Dans un monde en mutation, la meilleure innovation reste celle qui n’oublie personne et qui laisse un impact positif durable.
Rédigé par : WB
Suivez-nous
© 2025 Futudurable