Le 18 juin 2025, Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), a déclaré, dans des propos relayés par TelQuel, que le Maroc entendait faire de la Coupe du Monde 2030 un modèle de durabilité et d’inclusion sociale. Trois priorités ont été mises en avant : l’énergie renouvelable pour alimenter les stades, une gestion raisonnée de l’eau et un système efficace de tri et de valorisation des déchets. Une vision saluée par la BERD et le PNUD, et qui s’inscrit dans la continuité du Nouveau Modèle de Développement.
Des ambitions à élargir
Si cette feuille de route constitue une avancée majeure, elle ouvre aussi le débat : comment transformer le Mondial en un projet qui laisse un véritable héritage écologique et social ?
Sur le plan énergétique, l’enjeu ne se limite pas aux stades. Les transports publics pourraient être repensés : bus et tramways électriques, logistique lourde à l’hydrogène vert. Une telle orientation réduirait l’empreinte carbone et renforcerait la cohérence d’ensemble. Les partenaires de l’événement pourraient, eux, être incités à compenser leurs émissions à travers des projets locaux de reboisement ou d’énergie solaire.
Autre question sensible : les déplacements internationaux. Le flux attendu de supporters européens pose un défi environnemental majeur si l’avion reste le mode dominant. Une alternative mérite d’être étudiée : les ferries reliant l’Espagne et le Maroc. Moins polluants, ils offriraient en prime une expérience collective et festive, symbole d’un Mondial tourné vers de nouvelles pratiques.
La ressource hydrique est, elle aussi, au cœur du projet. Expérimenter des pelouses hybrides moins gourmandes, investir dans le dessalement alimenté par l’énergie solaire ou recycler les eaux usées sont autant de solutions possibles. Des campagnes de sensibilisation pourraient associer les spectateurs à cet effort collectif.
Sur le front des déchets, l’objectif d’un Mondial « zéro plastique » s’impose. Gobelets consignés ou en bois, pailles biodégradables, bouteilles réutilisables : de petits gestes qui, multipliés, réduiraient l’empreinte écologique. L’économie circulaire doit aussi s’inviter dans le chantier des infrastructures : matériaux temporaires revalorisés, textiles et équipements sportifs transformés. L’exemple du Qatar, avec le Stade 974 démontable en conteneurs maritimes, illustre la faisabilité de ce type de solutions.
Mais un Mondial durable doit aussi être juste. L’événement peut devenir un levier social et sociétal. Réserver une part des marchés aux PME locales et aux coopératives, créer une billetterie solidaire pour les jeunes et les familles modestes, mettre en place des formations aux métiers de la transition énergétique : autant de moyens de redistribuer les bénéfices. Les emplois verts, qu’ils concernent le recyclage, la mobilité ou la gestion énergétique, constitueraient un capital humain précieux.
L’héritage matériel, lui, ne peut être négligé. Des stades modulables reconvertis en logements étudiants, en espaces culturels ou associatifs, des villages de supporters transformés en résidences sociales ou en campus, autant de pistes pour éviter la friche sportive et inscrire l’investissement dans la durée.
Enfin, les crédits carbone générés par l’événement pourraient être réinjectés dans les régions rurales, finançant des projets agricoles durables, des infrastructures hydriques ou encore des initiatives sportives et culturelles locales.
Fouzi Lekjaa a posé les bases d’un Mondial vert et responsable. Reste désormais à enrichir cette vision en y intégrant la dimension sociale, l’économie circulaire et des solutions innovantes de mobilité. Si cette ambition est tenue, la Coupe du Monde 2030 pourrait devenir bien plus qu’une fête du football, un catalyseur de transformation durable et équitable, à la hauteur des attentes du Maroc et du monde entier.
Rédigé par : WB
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