La finance durable s’impose aujourd’hui comme un levier incontournable de la transition écologique. Elle vise à concilier performance économique, impact environnemental et responsabilité sociale. Au Maroc comme ailleurs, acteurs publics et privés cherchent à intégrer les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leurs décisions d’investissement. Mais derrière l’élan affiché, des défis subsistent : manque de normes claires, greenwashing et question de crédibilité.
Une dynamique mondiale en forte croissance
La finance durable bouleverse la finance traditionnelle en orientant les capitaux vers des projets alignés sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). Selon la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), les actifs gérés selon des critères durables dépassaient déjà 35 000 milliards de dollars en 2022 à l’échelle mondiale, et la tendance s’accélère. L’Accord de Paris (2015) et les ODD ont renforcé cette nécessité, tandis que la Banque mondiale et le FMI soulignent régulièrement que canaliser les investissements vers des projets durables permet aussi de réduire les risques financiers liés au climat. Une étude de Moody’s Analytics (2023) confirme d’ailleurs que les entreprises intégrant les critères ESG montrent une meilleure résilience face aux crises économiques.
Le Maroc, pionnier de la finance durable en Afrique
Cette dynamique mondiale trouve un écho fort au Maroc. Depuis 2022, Bank Al Maghrib oblige les banques à publier des rapports ESG, une réforme qui place le Royaume parmi les pionniers africains en matière de finance verte. La même année, le Maroc a émis sa première obligation verte souveraine, levant 1 milliard d’euros (≈1,05 milliard $) pour financer des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique (Le Matin, 2022). Parallèlement, le secteur privé, notamment les banques marocaines, développe ses propres fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) et obligations vertes pour accompagner la transition bas carbone.
Les zones grises : entre normes et greenwashing
Malgré cet essor, la finance durable reste confrontée à des défis majeurs. Le premier est l’absence d’un cadre normatif harmonisé, chaque pays, voire chaque institution, définit ses propres critères, ce qui rend les comparaisons difficiles. Deuxième risque est le greenwashing (écoblanchiment), lorsque des entreprises ou institutions embellissent artificiellement leurs engagements environnementaux. Plusieurs ONG rappellent que sans indicateurs fiables et audits indépendants, la finance durable peut devenir une vitrine plus qu’un outil réel de transformation. Une nécessité, pas une option
Pour le Maroc, la finance durable n’est plus un luxe mais une nécessité. Le Royaume, très exposé aux effets du changement climatique, doit mobiliser des capitaux massifs pour financer sa transition énergétique et renforcer la résilience sociale. En s’inspirant des meilleures pratiques internationales, tout en tenant compte de ses spécificités locales, le pays peut servir de modèle aux économies émergentes.
Mais une question cruciale reste ouverte : la finance durable tiendra t elle ses promesses ou restera t elle un label bien marketé, sans impact réel sur la transition écologique ?
Rédigé par : Tandyna Baoumou
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