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« Zéro Mica » mais pas zéro plastique : et notre santé dans tout ça ?

EnvironnementSanté
29 septembre 2025, 01:38
« Zéro Mica » mais pas zéro plastique : et notre santé dans tout ça ?

On a peur ! Peur que nos plages disparaissent sous les déchets, peur que nos océans s’asphyxient sous les tonnes de plastique. Alors, on fait des campagnes, on donne la parole à une bouteille en plastique qui supplie qu’on ne la jette pas dans le sable. C’est bien. Mais avons-nous seulement peur pour la santé des êtres humains ?

Une initiative louable mais incomplète

La Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement a lancé une campagne originale : une bouteille de plastique qui parle pour demander aux estivants de privilégier les gourdes, glacières ou bouteilles en verre, afin de protéger les plages et les océans. L’idée est salutaire, car le plastique représente un fléau écologique. Chaque année, selon le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE), ce sont 11 millions de tonnes de plastique qui se déversent dans les océans. Si rien ne change, ce chiffre pourrait tripler d’ici 2040. Les déchets plastiques mettent entre 400 et 1 000 ans à se dégrader et finissent souvent sous forme de microplastiques ingérés par les poissons, les oiseaux… et nous, les humains.

Le plastique, un poison quotidien

Mais le problème n’est pas seulement environnemental. Il est aussi sanitaire. Les bouteilles en plastique, surtout exposées à la chaleur, libèrent des substances chimiques toxiques. Au Maroc, il n’est pas rare de voir des packs d’eau en plastique stockés en plein soleil devant les épiceries ou supérettes. Dans un pays où les températures dépassent les 45 °C, ce simple détail devient une bombe à retardement pour la santé publique.

D’après une étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology, un adulte ingère en moyenne 50 000 particules de microplastiques par an via l’alimentation et l’eau potable. Le plastique contient des substances comme le bisphénol A (BPA) et les phtalates, identifiés comme des perturbateurs endocriniens par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ils sont liés à :

• Des troubles de la fertilité ; • Un risque accru de cancers ; • Des effets sur le développement neurologique des enfants.

Zéro Mica, mais pas zéro plastique

En 2016, le Maroc a adopté la loi « Zéro Mica », qui interdit les sacs en plastique à usage unique. Une avancée applaudie : en trois ans, le pays a réduit la consommation de sacs plastiques de 50 %, selon le ministère de l’Industrie. Mais cette mesure reste limitée : les bouteilles en plastique continuent d’inonder les rayons. Le Maroc consommerait environ 1,5 milliard de bouteilles d’eau en plastique par an, selon des estimations de l’ONG Zero Zbel. Résultat : le plastique reste omniprésent dans l’alimentation et l’emballage.

Pourquoi pas le retour au verre et à la consigne ?

Les industriels avancent leurs arguments : le verre est plus lourd, plus coûteux à transporter, moins pratique pour la distribution de masse. Pourtant, jusqu’aux années 1990, le Maroc vivait avec un système de consignation. Les bouteilles en verre étaient rendues, lavées et réutilisées. Aujourd’hui, certains pays réintroduisent ce système. En Allemagne, par exemple, 82 % des bouteilles en verre sont consignées et réutilisées. Ce modèle permet de réduire drastiquement les déchets et de limiter l’exposition aux produits chimiques. Pourquoi ne pas réhabiliter cette pratique au Maroc ? Les solutions existent, mais elles exigent une volonté politique et un courage industriel.

Environnement + Santé = même combat

La lutte contre le plastique ne peut pas se limiter à une approche écologique. Elle doit inclure la santé publique. Sinon, nous risquons de protéger les plages tout en empoisonnant les générations futures. Ironiquement, nous redoutons la pollution de nos mers, mais nous semblons moins inquiets face à la pollution de nos corps.

Rédigé par : WB

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