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Analyse de contenu de l’interview du Chef du gouvernement (3/8) : gestion de l’eau, agriculture

Gouvernance
28 septembre 2025, 22:29
Analyse de contenu de l’interview du Chef du gouvernement (3/8) : gestion de l’eau, agriculture

Ce troisième volet du dossier poursuit l’analyse de contenu de l’interview télévisée du Chef du gouvernement (10 septembre 2025). Après l’éducation, le soutien social, le football et la cohésion politique, vient l’un des thèmes les plus sensibles et les plus urgents : la gestion de l’eau et de l’agriculture dans un contexte de stress hydrique.

Axe: Eau, agriculture et stress hydrique

Ce qui est dit : Interpellé sur la gestion de l’eau, le Chef du gouvernement rappelle que le Maroc fait face à un stress hydrique accentué par le changement climatique Il met en avant les barrages, parfois vides faute de pluie, et le développement de stations de dessalement ainsi que le transfert d’eau. Concernant l’agriculture, il justifie le choix de cultures exportatrices (avocat, myrtilles) en expliquant que leur consommation en eau (environ 500 millions de m³) reste bien inférieure à celle du blé, qui nécessiterait près de 2 milliards de m³ si produit localement. L’argument présenté est que l’export permet de générer des devises, tandis que l’importation du blé serait plus rationnelle en termes de ressources hydriques.

Ce qui manque : L’argument paraît séduisant mais appelle plusieurs nuances :

• Le raisonnement repose sur des chiffres globaux, sans transparence sur les méthodologies ni sur les impacts locaux ;

• Il n’aborde pas les impacts environnementaux du dessalement (forte consommation énergétique, rejets salins sur les écosystèmes marins) ;

• La concentration de l’agriculture d’exportation dans certaines régions accentue la pression sur les nappes phréatiques déjà surexploitées ;

• Il passe sous silence les inégalités d’accès à l’eau potable, en particulier dans les zones enclavées où certains ménages peinent à avoir de l’eau pour boire ou se laver ;

• Les retombées pour les petits agriculteurs ne sont pas abordées : qui profite réellement de ces devises ?

• Enfin, il ne précise pas les arbitrages stratégiques entre cultures d’export et cultures vivrières locales adaptées au climat (orge, légumineuses).

Analyse de contenu : Le discours mobilise une logique comptable « importer le blé consomme plus d’eau que produire pour l’export », mais laisse de côté les implications sociales et écologiques. La justification technique vise à crédibiliser le choix gouvernemental, mais elle occulte les controverses scientifiques et sociétales sur la soutenabilité de ces cultures. En l’absence d’indicateurs partagés ou de scénarios prospectifs, la parole publique reste fragile.

Après avoir évoqué l'agriculture et le stresse hydrique, le Chef de gouvernement a brièvement insisté sur la nécessité de poursuivre les grands chantiers sociaux lancés depuis le début de son mandat. Sans entrer dans le détail à ce stade, il a présenté ces réformes comme partie intégrante de la vision d'un Etat social initié par le Roi Mohammed VI. ce cadre prépare l'introduction d'autres thématiques ( Santé, protection sociale et hôpitaux) qui seront développées plus en profondeur dans dans la suite de l'interview.

À retenir (3/8)

Dans cet axe, le discours privilégie les réalisations techniques et chiffrées (barrages, stations de dessalement, millions de bénéficiaires). L’analyse de contenu révèle cependant une faiblesse explicative : les arbitrages agricoles, les effets environnementaux du dessalement.

Au final, c’est une communication d’«action visible » qui domine, mais sans dialogue approfondi sur les enjeux structurels. Pour de nombreux citoyens, la question centrale demeure : comment passer des infrastructures et des chiffres à des politiques tangibles, capables d’améliorer leur quotidien ?

À suivre (4/8) : deux nouveaux thèmes, avec la même grille de lecture (fidélité du résumé, profondeur analytique, prudence méthodologique)

Rédigé par : WB

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